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damnés de la cinquième classe, fauves humains dont les instincts génésiques s’exaspéraient dans la promiscuité unisexuelle et qui guettaient comme une proie les jeunes forçats débarqués à l’île Nou. Galfe dut se défendre contre eux au poignard presque sous l’œil des surveillants impassibles et habitués à ces scènes.

Ayant cependant montré son énergie, le jeune homme se vit délivré des odieuses obsessions.

Mais un supplice moral rendait sa situation plus douloureuse : l’absence de nouvelles de Céleste.

Qu’était devenue cette enfant qui s’était donnée à lui d’un premier et profond amour ? La vie, qui lui avait été si cruelle, l’avait-elle reprise dans ses embûches ; l’avait-elle accablée dans quelque drame lamentable ?

Les forçats ont le droit d’écrire à leurs plus proches parente et d’en recevoir une lettre tous les mois. Galfe avait écrit à son père en le suppliant de considérer Céleste comme sa propre fille et de ne point l’abandonner ou, tout au moins, de la suivre de vue. Cette lettre ne devait pas obtenir de réponse : le père de Galfe était mort.

Il écrivit à Céleste Narin, à Mersey. Au bout d’un an, la lettre lui revint avec la mention : « Destinataire inconnue. »

Son amie était-elle morte ? Il ne pouvait croire qu’elle l’eût abandonné, oublié, qu’elle lui refusât cette suprême consolation du prisonnier : une lettre ! Peut-être lui écrivait-elle et l’Administration pénitentiaire ne laissait-elle point parvenir ses missives : Céleste n’était pas la parente de Galfe ; aux yeux de la loi, elle n’était que sa concubine !

Au lendemain de sa condamnation, il eût pu l’épouser. Céleste, au premier mot de Galfe, eût fait tout ce qu’il eût voulu. Mais elle savait l’éloignement de son amant pour l’union légale et, dût-elle en souf-