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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/134

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l’idée de n’importe quel acte : Bernin, jouet inerte, eût obéi.

Le supplice de Galfe durait depuis dix ans ; celui de Bernin dura dix jours, mais chacun de ces jours eut pour le dernier la longueur mortelle d’une année.

Un soir, enfin, on ne vit plus Bernin. Le lendemain matin, on trouva dans la rivière son cadavre déjà bleui.

— Tiens ! il est crevé ! murmura insouciamment le surveillant. — Il s’est fait justice ! pensèrent les forçats.

Ce fut la seule oraison funèbre du mouchard.

Galfe, vers lequel tous les condamnés tournaient leurs regards, ne changea pas de visage, ne prononça pas un mot. On eût dit que jamais il n’avait connu Bernin ou entendu parler de lui.

Mais, sous cette apparence impassible, quelque chose d’inexprimable remuait en lui. Il avait ressenti d’abord un serrement angoissant, puis une sensation de délivrance, comme si un fardeau eût été enlevé de dessus sa poitrine.


VII

L’AUBERGE DE L’ « ÉTOILE SOLITAIRE »


Sur la route du Brisot à Gênac, bordée çà et là de maisonnettes à un seul étage, alternant avec des fourrés, s’élevait l’auberge de l’Étoile solitaire.

Une singulière auberge, car on ne s’y grisait point et les voyageurs y trouvaient à l’occasion un souper modeste, mais jamais un gîte — fût-il mauvais — et encore moins le reste.

La vente des liquides et comestibles n’était d’ailleurs qu’un appoint, comme l’indiquait l’enseigne suivante :