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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/135

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À L’ÉTOILE SOLITAIRE
COUTURE ET TRAVAUX DE MENUISERIE
DÉBIT-RESTAURANT
AVIS : On ne loge pas.

La première fois qu’un voyageur aperçut cette singulière pancarte, il éclata de rire :

— « On ne loge pas » ! fit-il. Drôle d’auberge ! Sans doute la patronne est un vieux trumeau qui refuse vertueusement les hôtes pour cause de laideur. Mais alors, on prend une servante !

Cette pensée, assurément peu délicate et qui assimilait la généralité des auberges à des lupanars, était celle qui éclosait à première vue chez les individus que le hasard ou leurs affaires conduisaient devant l’Étoile solitaire. Et nombre d’entre eux, haussant les épaules, murmuraient :

— En voilà une auberge ! Ma foi, mieux vaut faire encore un kilomètre et s’arrêter à la Belle-Aventure, où le vin est buvable et la patronne engageante.

Ceux qui parlaient ainsi n’avaient évidemment pas vu les propriétaires de L’Étoile solitaire.

En effet, le bruit se répandit bientôt dans les environs — c’était vers 1886 — que la patronne était jeune et de figure agréable, tandis que le patron paraissait bien la cinquantaine.

— Alors, tout s’explique, faisaient quelques-uns, c’est le vieux qui est jaloux !

Le vieux était Panuel ; la jeune femme, Geneviève Détras.

Celle-ci, après la terrible condamnation de son mari, fût morte à la fois de désespoir et de misère sans le menuisier.

Non que les mineurs, compagnons et amis de Détras, de Janteau et de Galfe, eussent oublié les infortunés qui partaient au bagne ou en prison et les