du Brisot à Gênac, Panuel connaissait une bicoque où ils pourraient s’installer pour y exercer côte à côte leur profession, elle de lingère, lui de menuisier, et y adjoindre celle d’aubergiste, la route n’étant pas absolument déserte et le débit le plus rapproché se trouvant à un kilomètre. En réunissant ces trois industries, en élevant presque sans frais quelques poules et lapins, on pouvait espérer vivre.
Geneviève accepta : elle connaissait le bon sens droit et la loyauté de Panuel. Elle était, en autre, assez fière, assez sûre d’elle-même pour s’élever au-dessus du qu’en dira-t-on, au-dessus des rumeurs de cette « opinion publique », stupide et malfaisante qui, à Mersey, l’éclaboussait malgré l’irréprochabilité de sa vie. Elle savait très bien que le digne homme, encore que vivant sous le même toit qu’elle, ne serait que son ami dévoué, comme il l’avait toujours été.
Et, un jour, Panuel, Geneviève et la petite Berthe, alors âgée de deux ans et demi, disparurent de Mersey. On peut juger si les bonnes âmes exultèrent, il n’y avait plus de doute : Panuel était l’amant de la Détras puisqu’ils partaient ensemble ! Allait-on laisser pareil scandale impuni ? Car le mari avait beau être devenu forçat, il n’en existait pas moins, il n’en était pas moins toujours le mari. Où les coupables se cachaient-ils maintenant ?
Où ? L’abbé Firot, dont la haine ne pardonnait pas, eût bien trouvé leur piste. Mais le jeune et beau prêtre venait, par la protection de l’évêché et par celle de Mme Hachenin, non encore veuve mais déjà puissante, d’être appelé aux fonctions de vicaire à l’église Saint-Pierre de Môcon. Stage qui ne serait pas long, murmurait-on, car il était en passe de devenir curé.
Mme Hachenin, femme dominatrice, avide mais capricieuse, n’avait pas oublié le séraphique abbé qu’elle avait vu au procès de Chôlon. Elle eut le