événements de Mersey et dont on était sans nouvelles depuis des années.
Firmin Montal affirma aussitôt que son fils ne demanderait pas mieux que de se livrer sur place à cette enquête. Il faudrait pour cela lier connaissance avec quelques colons, si possible avec quelques gardes-chiourmes et se renseigner dans les rédactions de journaux de Nouméa, car la colonie possédait, outre le Moniteur officiel, deux feuilles quotidiennes. Si le soldat ne pouvait agir lui-même directement, en cette enquête, peut-être rencontrerait-il quelque brave homme pour accepter de le seconder ou le suppléer.
Le charron ne s’était pas trompé : Arsène, auquel il avait aussitôt écrit, accepta sans difficulté et Panuel n’eût plus qu’à lui envoyer tous les renseignements pouvant faciliter sa tâche.
Dix mois s’écoulèrent ensuite. Le voyage du transport la Saône avait duré cent douze jours ; puis, presque au lendemain de son débarquement, la compagnie à laquelle appartenait Arsène avait été détachée à Bouloupari. Panuel commençait à désespérer lorsque le père Montal apparut un jour à l’Étoile solitaire avec une lettre de son fils. Celui-ci annonçait son prochain retour à Nouméa où il espérait se procurer tous les renseignements sur Albert Détras. Sans doute par le prochain courrier pour l’Europe, c’est-à-dire dans un mois, serait-il à même d’envoyer ces renseignements.
C’est ce qui explique la fièvre avec laquelle, depuis trois jours, Panuel attendait le facteur.
Geneviève, en apprenant l’évasion de son mari, avait ressenti un choc dans tout son être. La nécessité de se dompter devant sa fille et la façon dont Panuel avait préparé son récit la sauvaient cependant d’une crise douloureuse ou d’une accablante prostration.