Page:Malato - La Grande Grève.djvu/185

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Il était peu probable qu’on vînt relancer Détras dans cet asile.

Un amas de roches sur lesquelles grimpaient des plantes aux fleurs violettes, semblables à des convolvulus, attira naturellement les regards de l’évadé. Il se dirigea de ce côté : c’était un abri possible, abri non à dédaigner car les nuits sont fraîches en Nouvelle-Calédonie.

Détras n’était pas arrivé à vingt pas des roches, lorsqu’un aboiement furieux éclata. Deux chiens à la robe jaune-brun, hauts sur pattes et terriblement maigres se précipitèrent sur lui, la gueule ouverte, découvrant des crocs redoutables.

Par la taille et l’aspect, ces chiens aux yeux luisants et aux oreilles droites ressemblaient à des loups. Ils en avaient aussi la férocité et Détras n’eut que le temps d’asséner un formidable coup de gourdin sur le crâne de l’un qui, déjà, lui sautait à la gorge. L’animal retomba en poussant un hurlement, mais déjà son compagnon ou plutôt sa compagne, car c’était la femelle, lui entamait le mollet d’une terrible morsure qui teignit de sang le pantalon blanc de Carmellini.

La douleur arracha un cri à Détras qui, oubliant sa résolution de garder intactes les six cartouches de son revolver, fit feu sur la chienne furieuse. Celle-ci roula atteinte d’une balle dans la tête. En deux coups terribles, « Joseph » le gourdin du surveillant militaire, acheva les deux bêtes.

Délivré de ces féroces agresseurs, l’évadé revenait au sentiment de la situation et se reprochait d’avoir cédé à un mouvement irréfléchi en faisant feu. La présence des quadrupèdes n’annonçait-elle pas la proximité de l’homme ?

Dans ce cas, il avait donné l’éveil ; le maître des chiens ne pouvait être loin.

Peut-être valait-il mieux s’éloigner, mais, outre qu’il se sentait trop exténué pour retourner sur ses