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condition d’animal domestique à celle de créature humaine : elle fut la maîtresse reconnue de Jean, en attendant de devenir épouse légitime.

Ce jour arriva ; la mère Mayré, habituée par son mari à n’avoir jamais de volonté et, d’ailleurs, aimant par-dessus tout son fils, n’osa pas contrarier celui-ci en s’opposant au mariage.

Du reste, elle n’eut pas à s’en plaindre outre mesure. La Martine, dans sa fièvre de s’affirmer maîtresse de la ferme, s’occupait elle-même de tous les travaux, laissant sa belle-mère tricoter auprès du feu ou surveiller les casseroles.

Le frère de la Martine avait paru à cette noce qui fut un événement dans le village. Quelques années plus tard, ayant obtenu sa mise à la retraite et titulaire d’une petite pension, il sentit en lui des goûts rustiques ; il alla s’établir auprès de sa sœur et de son beau-frère, lesquels avaient créé auprès de leur ferme un petit cabaret.

En s’occupant de culture et quelquefois aussi du débit, Martine se rappelait ses beaux jours.

Il avait travaillé autrefois sous les ordres de Drieux, tout en employant ses loisirs à perfectionner son instruction rudimentaire afin d’arriver à une situation honorable comme son collègue Baladier.

C’était lui qui avait été chargé de surveiller à Mersey Geneviève Détras, soupçonnée de correspondre avec son mari évadé.


XXI

UNE GRÂCE


Le docteur Paryn préparait consciencieusement son discours pour la réunion publique qui devait avoir lieu à Mersey dans quatre jours, Brossel ayant certifié que l’organisateur de cette réunion n’était pas un mythe.