Page:Malato - La Grande Grève.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les orateurs étaient demeurés calmes. Reconnaissables à leurs vêtements de ville, ils eussent pu être écharpés si la mêlée eût été moins confuse. Ils paraient les coups, Renouard et Vallon avec leurs poings, Paryn avec une assez forte canne à pommeau d’argent, que, par une précaution instinctive, il avait apportée de Climy.

Cette canne et le bâton conquis par Bernard étaient les seules armes que possédait le groupe pour sa défense.

Les seules… non ! Vallon se rappela tout à coup qu’il avait un revolver dans la poche de côté de sa redingote. Il saisit cette arme et la braquant sur les agresseurs, il s’écria d’une voix forte :

— Place, canailles, ou je tire !

Il y eut un recul des plus acharnés ; un moulinet terrible exécuté par Bernard blessa deux hommes qui laissèrent échapper leurs bâtons dont Brossel et un cordonnier s’emparèrent aussitôt.

C’était un répit relatif ; les assaillis purent reprendre haleine et se reconnaître : ils n’étaient maintenant guère plus d’une vingtaine, tandis que les assaillants, arrêtés dans leur victoire, malgré la supériorité de leur nombre et de leurs gourdins, préparaient une nouvelle attaque.

— Mais que fait donc la police et la gendarmerie de Mersey ? s’écria Paryn.

— La police et la gendarmerie, répondit amèrement Bernard, qui avait entendu l’exclamation, elles pactisent avec ces hommes ! Est-ce que toutes les forces de l’État n’ont pas pour but la défense du Capital ?

— Je comprends pourquoi le maire et le commissaire ont autorisé la réunion, fit à son tour Brossel. Ils étaient d’accord avec des Gourdes qui a préparé ce guet-apens.

— Attention ! cria Renouard. Ils reviennent.

De tous côtés, en tête, en flanc et en queue, appa-