Page:Malato - La Grande Grève.djvu/305

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bruits ? Tandis que maintenant je vais m’expliquer publiquement.

— Vous serez renvoyé.

— Je m’y attends. Tant pis ! je tâcherai de trouver autre chose. Et si mes anciens camarades me voient crever de misère, ils ne pourront, certes, pas dire que je suis un vendu.

Paryn admirait cette énergie plébéienne.

Une clameur immense éclata soudain :

— À bas les rouges ! À mort !

Le cortège qui gravissait la côte des Mésanges oscilla sous une poussée inattendue. Des groupes de mineurs, surgis de ruelles latérales, l’attaquaient en flanc.

— La bande à Moschin ! s’écria Bernard.

Les délégués cordonniers et tailleurs, qui marchaient en avant-garde, avaient reflué, surpris. L’instant d’après, ils furent assaillis par une trentaine d’hommes qui les avaient laissés venir à portée, embusqués derrière des haies et des tas de pierres.

Maintenant, c’était une mêlée générale. Les agresseurs, armés de bâtons, frappaient en furieux. Plusieurs délégués, sans armes pour se défendre, reculaient, les vêtements déchirés, la figure ensanglantée ; d’autres ramassaient des pierres pour se défendre ; la plus grande partie de la foule s’était dispersée, plus encore par crainte des conséquences ultérieures que par crainte des coups.

Le cortège qui gravissait la côte des Mésanges était attaqué de presque tous les côtés. Bernard, d’un mouvement spontané, s’était jeté en avant pour protéger les orateurs. Il reçut sur la tête un violent coup de gourdin qui le fit chanceler. Son étourdissement ne dura qu’une seconde : se lançant sur son agresseur comme celui-ci allait revenir à la charge, il lui arracha le bâton des mains.

— Les bandits ! Il fallait s’y attendre ! grondait Brossel tout en jouant des poings.