Aller au contenu

Page:Malato - La Grande Grève.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Dis-moi, ma chérie, fit-il, demeure-t-il avec vous quelque autre personne que ta mère et Panuel ?

— Non, papa, répondit l’enfant.

— Bien, alors va à la maison et préviens d’abord Panuel que je suis là.

— Pourquoi pas maman ?

Cette question s’était échappée comme un reproche des lèvres de l’enfant. Détras se sentit profondément ému ; il répondit :

— Parce que ta mère, mon enfant, ne m’attend pas et que la surprise pourrait lui faire mal.

— C’est vrai, répondit Berthe, je me rappelle le soir où Panuel avait reçu une lettre qui lui parlait de toi : maman s’est mise à pleurer.

Détras se sentit étreint à la fois d’une émotion profonde et d’une vague inquiétude. Il songeait à tout ce qu’avait souffert sa chère Geneviève ; comment pourrait jamais s’effacer le souvenir de ces années de torture ? Mais cette lettre, dont parlait l’enfant, de qui pouvait-elle émaner ? La police n’avait-elle pas retrouvé sa trace et ne préparait-elle pas un piège ?

— Écoute-moi bien, dit-il, sais-tu s’il est venu à la maison quelque personne s’informer de moi ? Ta mère et Panuel t’ont-ils, dans ces derniers temps, paru inquiets ?

— Non, papa, répondit Berthe.

Mais, cédant à un besoin de confidence, elle ajouta :

— Papa, j’ai vu tout à l’heure un vilain homme qui m’a fait peur.

— Peur ! exclama Détras. Est-ce qu’il a osé te menacer ?

Et il serrait les poings, oubliant sa situation, prêt à se jeter sur celui qui aurait osé chagriner sa fille.

— Non, il ne m’a rien dit, mais il m’a regardée d’un drôle d’air. Et puis, il était si vilain.