Page:Malato - La Grande Grève.djvu/345

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une vipère qu’il faut écraser, un chien enragé qu’il faut abattre : tu vas mourir !

L’abbé Firot eut un effort désespéré pour échapper à l’étau vivant qui l’emprisonnait. Mourir quand la vie s’étendait encore large devant lui, pleine de satisfactions quotidiennes et d’heureuses perspectives d’avenir ! Mourir à trente-sept ans à peine, en pleine force de corps et d’esprit !

Il revit en un instant tout le passé : son éducation au séminaire, ses débuts à Mersey, ses tentatives infructueuses sur la femme du mineur, ses succès auprès des belles pénitentes mondaines.

Dans une secousse de tout son être, le vicaire tenta de se dégager, en même temps que ses ongles labouraient le poignet de Détras.

Peine inutile ! Ce poignet demeurait inébranlable, rigide comme une barre de fer et la main qui le terminait resserrait implacablement son étreinte autour du cou de l’abbé Firot.

Celui-ci étouffait, sa poitrine haletait, ses yeux roulaient convulsivement dans ses orbites et, tout d’un coup, un frisson suprême courut par tout son corps, puis Détras sentit que la vie avait abandonné ce corps.

Telle fut la fin de l’abbé Firot.

Détras continua, par simple mesure de précaution, à serrer le cou du vicaire pendant quelques minutes encore. Puis il posa l’oreille sur la poitrine de l’abbé Firot : le cœur ne battait plus.

— Il est bien mort ! pensa-t-il.

Doucement, il étendit le corps contre le mur dans une posture horizontale, qui semblait celle d’un profond sommeil. Et, en effet, l’abbé Firot dormait pour longtemps !

Détras tira la barre de fer, ouvrit la porte, la ramenant ensuite derrière lui, et sortit d’un pas tranquille.

Il se sentait, sinon heureux d’une volupté féroce, du moins soulagé d’un poids immense. Depuis dix