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années, l’inaccomplissement de cette vengeance pesait sur lui et l’étouffait. Maintenant justice était faite : avec l’abbé Firot mourait tout un passé de tortures et de deuil.


XXIX

LA LUTTE CONTRE LE VEAU D’OR


Paryn, pas plus que ses amis venant de Môcon, n’avait prononcé de discours au cimetière où l’on enterra les victimes de l’explosion du puits Saint-Eugène. Brossel lui en ayant fait la remarque, il répondit :

— À quoi bon ? Par notre présence, nous avons exprimé nos sympathies à la population ouvrière. Celle-ci a eu pour son meilleur interprète, Bernard, qui est réellement quelqu’un. Entre le discours de ce prolétaire et ceux des gros bonnets, il n’y avait point place pour une troisième note. Laissons les travailleurs le plus possible parler et agir eux-mêmes.

Toutefois le maire de Climy n’avait point quitté Mersey sans s’être mis en rapport avec les membres les plus actifs du syndicat. Parmi eux, Bernard lui signala principalement le secrétaire Touvar, un jeune homme à la figure sympathique et sérieuse.

— C’est lui qui me remplacera, dit mélancoliquement le mineur.

— Comment cela ? Vous allez quitter le syndicat !

— Il le faudra bien. Je ne suis plus mineur : la Compagnie m’a congédié.

— Peut-être vous reprendra-t-elle ?

— Non. Et si d’ailleurs elle le faisait, ce serait pour cacher quelque nouvelle perfidie. Mon maintien aux mines de Mersey est impossible.

— Alors vous voulez quitter le pays ?

— Je le ferai si j’y suis absolument obligé, mais j’avoue que cela me contrarierait. Il se prépare ici un