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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/353

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sera un mouvement réfléchi, général, qui se ramifiera dans tous les centres industriels, ébranlera toute la région et imposera un programme de réformes. Les gendarmes et les soldats n’en auront pas raison et la puissance du capital en recevra un coup profond. Vous verrez cela.

— Je le souhaite, répondit Brossel dont l’incrédulité s’était fondue aux paroles de son interlocuteur.

Le coucou appendu au mur marquait dix heures, l’heure à laquelle se couchait le vendeur pour pouvoir se lever avant le jour. Le correspondant de l’Union populaire prit congé de Bernard.

Dehors l’obscurité était épaisse ; les étoiles scintillaient dans le ciel noir, mais la lune demeurait invisible. Toutefois Brossel n’en avait cure : il connaissait son chemin de façon à pouvoir se diriger les yeux fermés.

En marchant, il songeait à ce que lui avait dit Bernard d’une grande grève et de l’ébranlement qu’elle produirait dans toute la région.

Absorbé dans ses pensées, il n’entendit point des pas furtifs bruisser derrière lui, se rapprochant.

Tout à coup, un choc violent sur le crâne le fit trébucher ; deux ombres surgies de la nuit se précipitèrent sur lui.

En un clin d’œil Brossel fut jeté à terre et roué de coups sans pouvoir se défendre.

Deux individus étaient là, armés de gourdins dont un coup porté sur la tête, l’avait étourdi et immédiatement mis hors de combat.

— Au secours, cria-t-il. On…

Il ne put achever : un coup de pied dans la poitrine le renversa évanoui.

Auparavant, il lui avait semblé reconnaître, malgré les ténèbres, en une vision d’une seconde, la silhouette de Michet.

C’était bien, en effet, l’ancien chef policier de Chamot, devenu simple lieutenant de Moschin, qui avait,