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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/354

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sur l’ordre de ce dernier, perpétré l’attentat avec l’aide d’un complice.

On voulait fermer la bouche, en le tuant au besoin, au correspondant de l’Union populaire et intimider Paryn qui devinerait bien d’où venait le coup.

Michet et son acolyte abandonnèrent sur la route Brossel privé de connaissance, non sans l’avoir auparavant soulagé de son portemonnaie. Cette opération avait un double but : faire croire à la justice que l’agression avait été l’œuvre de rôdeurs et s’enrichir aux dépens de l’ennemi. « Toute peine mérite salaire », dit ironiquement Michet en empochant la bourse.

Ce fut seulement au bout de deux heures que Brossel revint à lui, tiré de son évanouissement par une pluie glaciale. Le croissant lunaire commençait à poindre, mince et pâle : à la clarté, le blessé se traîna péniblement jusqu’à la porte de Bernard. Celui-ci, qui dormait d’un sommeil léger, entendit une voix plaintive appelant à l’aide : il se leva aussitôt et demeura stupéfait en apercevant à demi mort le même homme avec lequel il avait causé toute la soirée.

Très heureusement, si violents qu’eussent été les coups, ils n’avaient lésé de façon grave aucun organe essentiel. Brossel fut sur pied au bout de huit jours.

Lorsque Paryn apprit l’agression dont son correspondant avait été victime, il eut un mouvement d’exaspération. Il devinait bien, comme l’avaient prévu des Gourdes et Moschin, par qui avait été ordonné ce guet-apens.

C’était le même ennemi qui, un moment ébranlé par le courroux populaire, au lendemain de la catastrophe du puits Saint-Eugène, avait repris toute sa force et son insolence, bien décidé à écraser impitoyablement quiconque lui ferait obstacle.