Page:Malato - La Grande Grève.djvu/366

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se débarrasser de ses ennemis, c’est de les supprimer.

Elle aussi voyait la victoire assurée.

Le tout était d’avoir pour soi la force !


III

NID D’AMOUR


Dans le bois de Faillan, proche du hameau Saint-Jules et du Moulince, passant rapide entre les broussailles, s’élève une habitation en briques, large de cinq mètres carrés, et haute de trois mètres. Le lierre court en festons autour des deux fenêtres larges, égayées le jour de rideaux d’une blancheur immaculée, closes la nuit de persiennes vertes. Devant la porte, deux beaux rosiers épanouissent leurs fleurs pourpres.

Cette demeure toute simple, encadrée par la verte épaisseur du bois, semble comme un modeste nid d’amour et de bonheur rustique. Et, en effet, ses hôtes sont un couple jeune encore qui s’adore.

Là, habitent depuis deux ans Galfe et Céleste. Leur maison occupe l’emplacement même de la cabane où jadis ils avaient vécu des jours d’amour si heureux et si éphémères !

Une légère vapeur s’élève, derrière la maison, d’un hangar à demi caché par un rideau d’arbustes, en même temps qu’une humide buée s’épand dans l’atmosphère.

Et, mêlé au bruit sourd des coups de battoir, monte un chant au rythme grave, presque religieux :

Le timbre pur de la voix fait deviner une jeune femme. C’est Céleste qui chante l’œuvre du poète anarchiste Percheron, les Briseurs d’Images.

Le hangar est une petite buanderie où, du matin au soir, la compagne de Galfe, redevenue de fleu-