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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/45

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trop en dehors de ses camarades pour pouvoir les entraîner, il fallait à Baladier un complice à la mine même, quelque bon garçon, beau parleur, sachant se rendre populaire aux autres et, au besoin, capable de les mener. La police a toujours sous la main de faux ouvriers, admirables pour remplir ce rôle d’agents provocateurs. Baladier en référa à son chef Drieux qui approuva l’idée de son subordonné et lui expédia de Saint-Étienne l’homme nécessaire.

C’était un nommé Bernin, qui, mineur authentique à Anzin, y avait joué le rôle de mouton avec tant de perfection que la police se l’était attaché.

Ce mouchard ambulant fut envoyé à Baladier qui écrivit à la fois à Michet pour le faire entrer au puits Saint-Pierre et à Ronnot pour le recommander comme un bon militant socialiste, victime des rancunes patronales. En effet, Bernin était soi-disant renvoyé pour idées subversives de chaque mine où il travaillait ; au bout de quinze jours ou un mois la police, qui le subventionnait, le faisait rentrer autre part.

Bernin reçut l’ordre de se lier particulièrement avec Ronnot, Détras et Galfe.


V

L’ATTENTAT


Un mois s’était écoulé. Dans les champs voisins de Mersey les moissons jaunes ondulaient comme une mer sous le souffle orageux de thermidor.

La journée du mercredi avait été lourde, traversée par moments de courtes rafales qui semblaient présager la tempête.

Était-ce à cet état de l’atmosphère qu’il fallait attribuer la surexcitation qui perçait dans l’attitude d’un certain nombre de mineurs travaillant au fond des