Page:Malato - La Grande Grève.djvu/462

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bravo ! s’écria une voix. Il l’a mérité. Vive la grève !

Ces mots : « Vive la grève ! » eurent un écho immédiat. Une partie des Brisotins, complètement subjugués, acclamaient la cause ouvrière, d’autres, indécis, agités, semblaient prêts à se joindre à eux ; une cinquantaine seulement se montraient, au milieu de l’agitation générale, silencieux, résignés à obéir toujours et quand même à l’ordre des chefs. Ceux-là étaient des esclaves irrémédiablement déchus, inaccessibles à la raison, au sentiment, bons pour les besognes les plus serviles.

Et comme les contremaîtres entouraient Galfe, des ouvriers se jetèrent entre eux et lui pour le protéger. Céleste, se débattant entre les bras de plusieurs qui voulaient l’éloigner de la bagarre, criait :

— Laissez-moi ! défendez-le ! c’est Galfe, qui est allé au bagne pour vous !

Galfe ! ce nom courut aussitôt parmi les Brisotins. Sans même qu’il s’en fût jamais rendu compte, l’ancien forçat, ainsi que Détras, avait sa légende parmi les mineurs de la région. On ne se rappelait plus exactement ses actes ; le temps avait altéré le souvenir précis du fameux procès de la « bande noire » ; mais ce qu’on savait, c’est qu’il avait été un vaincu, une victime de la cause ouvrière.

— Vive la sociale ! Vive la révolution ! cria une voix.

Galfe, abasourdi de ce revirement, regarda d’où partait un pareil cri. C’était le mineur avec lequel il avait échangé quelques mots, qui venait de le pousser.

À ce moment, arrivaient deux groupes bien distincts.

Dans l’un, le plus éloigné, qui s’approchait tranquillement, marchaient sur la même ligne, causant entre eux, Troubon, Moschin et l’ingénieur Villemar. Derrière eux, quelques contremaîtres, personnages