Page:Malato - La Grande Grève.djvu/503

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— Eh bien, mon gros fessé, t’es-tu fait blinder le derrière ?

Michet avait sa réputation à rétablir : d’un formidable coup de poing, il envoya le mineur rouler à trois pas. Aussitôt, la bataille s’engagea : les mouchards s’y étaient préparés ; supérieurs en nombre, grâce à l’appoint des jaunes, à l’équipe qui venait de remonter, ils eurent l’avantage.

Cette nuit-là retentit de nouveau dans Mersey le cri de : « À bas la Compagnie ! À bas les mouchards ! » Le jour suivant, à l’effervescence générale qui régnait dans les puits et dans les chantiers, tous purent se rendre compte que la bataille allait reprendre.

Et, en effet, quarante-huit heures plus tard, elle reprenait. Il y avait eu convocation d’urgence des rouges à leur centre syndical et l’on avait décidé de recommencer immédiatement la grève si les anciens policiers demeuraient un jour de plus à Mersey. Une délégation ouvrière s’en fut trouver le baron des Gourdes qui eut cette réponse narquoise :

— Ce n’est point comme policiers qu’ils rentrent à la mine. C’est comme employés. La direction a le droit de prendre pour employés qui elle veut.

Distinguo subtil qui rappelait l’ancien élève des jésuites !

Cette fois, la Compagnie était préparée à la grève puisqu’elle-même la provoquait. Cinq cent soixante-sept mineurs sans travail, recrutés sans bruit à Saint-Étienne, se trouvèrent du jour au lendemain à Mersey, prenant la place des grévistes.

Avec ceux du syndicat jaune, c’était assez pour que la Compagnie pût continuer l’exploitation en attendant que la faim lui eût ramené, se rendant à discrétion, la plupart des grévistes, encore fatigués de leur dernier grand effort et incapables de le renouveler à aussi brève échéance.

D’ailleurs, des Gourdes attendait d’autres trou-