Aller au contenu

Page:Malato - La Grande Grève.djvu/504

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peaux de misérables que ses agents raccolaient plus loin encore que Saint-Étienne. Gens qui, pour la plupart, n’avaient jamais manié le pic, mais qu’importait ! Ils serviraient à écraser la révolte ouvrière et puis, une fois cette tâche accomplie, ils seraient triés, les inutiles étant éliminés, chassés pour aller crever de misère ailleurs. Sort réservé aux irréguliers du travail qui rivent les chaînes de leurs frères en aggravant leur propre esclavage !

La Compagnie s’était préparée à la grève, mais les militants du syndicat rouge s’y étaient préparés aussi. L’entente ouvrière maintenant ne se limitait plus aux membres d’une seule corporation, et au moment même où arrivaient à Mersey les raccolés de Saint-Étienne, le mouvement, se généralisant avec une rapidité extraordinaire, éclatait à Pranzy, à Montjeny, à Gueugne, à La Tourne, au Brisot, à Chôlon même.

À Pranzy et Montjeny, c’étaient les mineurs et les carriers, à Gueugne et à La Tourne, les charpentiers, au Brisot, c’étaient toutes les corporations, à Chôlon, c’étaient les métallurgistes.

Et sans répéter des choses déjà dites, car presque toutes les luttes économiques se ressemblent, c’est de la grève de Chôlon que nous allons parler, puisqu’elle a clos la grande épopée ouvrière dans le sang des martyrs du travail.


XIX

LE DRAPEAU NOIR


— Galfe ! s’écria Céleste rentrant tout essoufflée dans la boutique de la rue Nationale, les gendarmes chargent au galop dans tout le faubourg Saint-Jean. On parle d’une quinzaine de blessés. Il y a eu encore des arrestations.