Page:Malato - La Grande Grève.djvu/57

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bre, Michet, qui marchait à dix pas des autres, lâcha son prisonnier ; celui-ci, qui n’avait pas ouvert la bouche, s’aplatit soudain au ras du sol et se faufila sous les buissons avec la souplesse d’un serpent.

— Il fout le camp ! Par ici ! s’écria Michet se précipitant dans une direction tout opposée.

Tous le suivirent, moins, bien entendu, le prisonnier.

Celui-ci, resté seul, continua pendant quelques secondes à s’éloigner en rampant. Bas de Cuir et le dernier des Mohicans eussent admiré sa dextérité silencieuse.

Puis il se redressa et, d’un pas rapide, reprit le chemin de la chapelle.

La porte fracassée gisait à terre : à coups de talon, le vicaire acheva de disjoindre quelques planches. Puis il entra dans le sanctuaire, haussa les épaules devant l’amoncellement des chaises et des bancs en un seul tas, devant la nef.

Toutefois la dévastation n’apparaissait pas assez grande. L’abbé Firot s’en fut chercher dans la sacristie une vieille échelle reléguée dans un coin depuis un temps immémorial. Il l’appliqua contre la muraille, juste au-dessous de la rosace qui surmontait l’entrée de la chapelle ; puis tirant de dessous sa soutane une sorte de cylindre brun, long de quinze centimètres, il le déposa sur le rebord circulaire de la paroi.

Un homme aussi prévoyant que l’abbé Firot, qui se promenait avec des explosifs en poche, possédait naturellement une boîte d’allumettes. Il mit le feu à la mèche, redescendit et s’en alla, après avoir jeté près de la porte, comme pièce à conviction, sa boîte d’allumettes.

Derrière lui, éclatait la détonation éparpillant la rosace en miettes multicolores et lézardant le mur.