bien n’avoir, car on était au milieu de la semaine, qu’une demi-miche de pain rassis et un peu de cervelas, mets peu réconfortant pour l’estomac d’une jeune fille qui a failli se noyer. Et soudain, il poussa un cri de triomphe : il venait de découvrir, conservé entre deux assiettes, un restant de certaines herbes cueillies par lui dans la forêt et qui, bouillies et hachées, avaient un goût d’épinards. C’était plus délicat que de la charcuterie.
— Vous allez manger, dit-il presque triomphant.
Il partagea son pain en deux, tendant le plus gros morceau à la jeune fille. Puis il lui passa l’assiette d’herbages.
Devant ce repas, si frugal qu’il fût, l’enfant eut un regard indicible, le regard d’un naufragé mourant d’inanition qui rencontrerait la table de Véfour. Son premier mouvement fut de se jeter avec avidité sur cette nourriture. Galfe l’arrêta.
— Doucement, lui conseilla-t-il, vous vous feriez mal. Et puis… malheureusement, c’est tout ce que j’ai.
Il n’osait lui offrir le cervelas, non parce que lui-même n’avait pas autre chose à manger, mais parce qu’il craignait que cette charcuterie ne lui fît mal. Pourtant, quand il vit la jeune créature se ranimer en mangeant et frotter son pain sur l’assiette vidée, il se hasarda :
— J’ai tout de même encore quelque chose, dit-il en lui apportant le cervelas.
Mais elle le repoussa du geste, murmurant :
— Et vous ?… Merci, je n’ai plus faim !
Galfe comprenait bien que c’était plus de privations que de la secousse de son bain qu’elle souffrait. Aussi insista-t-il et, comme elle refusait encore, il divisa le cervelas en deux parties égales, lui en donnant une et mangeant l’autre avec le restant du pain.
Alors, après avoir fini de manger, elle lui conta son histoire. Elle s’appelait Céleste Narin ; son père avait