Page:Malato - La Grande Grève.djvu/75

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— Vous êtes seule ? demanda la femme du mineur.

Et sur un geste affirmatif de Geneviève :

— Entrez ! lui dit-elle.

Le premier mot de Geneviève fut :

— Albert ? Savez-vous où il est ?

Vilaud eut un sursaut et se dressa sur le lit :

— Comment ! il n’est pas rentré ? fit-il, tout pâle.

Et son sentiment d’inquiétude pour son camarade, aussi pour lui-même, se tournant en colère, il explosa :

— Nom de Dieu ! Ronnot lui avait bien dit de ne pas rester : il aurait dû l’écouter. Toutes ces armes et ces imprimés qu’on a reçus, ça ne pouvait être qu’un piège. Je ne sais pas ce qu’il fallait avoir dans la tête pour ne point le comprendre.

Toutefois il ne savait rien de précis, ayant quitté le bois en même temps que Ronnot et croyant bien qu’Albert allait en faire autant. Il parla de la fusée dont on avait perçu la lumière, de la Carmagnole qu’on avait entendu chanter. À son tour, Geneviève lui communiqua les renseignements qu’elle tenait de la mère Bichu.

— La chapelle du bois du Varne ! s’écria-t-il. Il n’y a pas à en douter : c’est un coup de la bande à Michet ! Et pour nous mater !

— Mon Dieu ! pourvu que nous n’ayons pas d’ennuis, nous aussi ! murmura Mme  Vilaud, avec un égoïsme inconscient.

Puis, aussitôt après, son regard rencontrant le regard angoissé de Geneviève, elle se sentit remuée : les deux femmes, comme leurs maris, étaient camarades, on eût pu dire amies, si le caractère sérieux de Détras n’avait limité le nombre de leurs intimes.

— Ma pauvre Geneviève, dit-elle avec une sincère compassion, ne vous alarmez pas outre mesure, cela ne sert à rien.

— Oui, ajouta Vilaud, il est impossible que Détras