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Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/133

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quart de siècle, et dans les autres pays latins encore à l’heure présente, a été plus néfaste que l’inéducation de la prolétaire. Au moins chez cette dernière, si l’esprit n’était pas développé, il pouvait subsister quelque chose de naturel et de féminin dans le cœur. Chez la demoiselle, au contraire, l’esprit était comprimé ou faussé et le cœur soumis à un travail continu de dessication.

On apprenait à la jeune bourgeoise qu’elle était la chose de sa famille, qu’elle devait penser d’une certaine façon, admise dans la société, ou mieux encore ne pas penser du tout, qu’elle devait s’abstenir, sous peine d’être taxée d’incorrection, de tout mouvement naturel, de tout élan vrai. Le mariage, date culminante de sa vie à partir de laquelle elle allait cesser d’être la propriété de ses parents pour devenir la propriété d’un époux, lui était représenté non comme l’union de deux êtres, résultant d’une attraction réciproque, mais comme un mystère solennel et redoutable consacrant une association d’intérêts pécuniaires formée pour la vie.

Que pouvait donner semblable éducation sinon un monstre ?

Dans les réunions de société, où l’on se complimente du bout des lèvres, le premier regard de la Dame est pour juger de la toilette d’une autre Dame et y trouver un défaut, un manque de goût. Si elle se croit habillée plus richement que les autres, elle étalera ses fanfreluches et ses bijoux, triomphera avec une vanité stupide d’avoir dépensé chez le costumier une plus grande