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société demeure organisée contre la femme. Quand celle-ci n’est pas écrasée économiquement comme l’ouvrière, elle est asservie moralement par l’autorité familiale et, même mariée, déclarée mineure par le Code.

Rien n’est plus poignant que la lutte soutenue par ces vaillantes créatures qui, à la fois répudiées par leurs familles, leur classe, et ignorées, incomprises de la plèbe, ne trouvent de point d’appui nulle part.

Mais il faut bien reconnaître que la femme révolutionnaire est une exception. Dans le prolétariat, elle s’abandonne davantage à ses impulsions : à de certains moments, alors que les hommes hésitaient, on a vu leurs compagnes intervenir et influer sur la marche des événements : Jeanne Hachette, Jeanne d’Arc, les femmes de la Halle marchant sur Versailles en octobre 1789, les Montmartroises se jetant, au 18 mars 1871, entre l’armée et le peuple, sont venues montrer que l’élément féminin avait lui aussi son rôle historique.

La société bourgeoise connaît maintenant le féminisme. Il serait difficile de formuler exactement sur cette question un jugement d’ensemble, car le féminisme n’a pas de programme précis. Pour tels de ses protagonistes, il signifie l’égalité de l’homme et de la femme devant le Code, le droit pour les êtres humains de remplir sans distinction de sexe les fonctions sociales ; pour d’autres, c’est la prosternation ridicule de l’homme devant la femme ; la revanche prise par un sexe longtemps dominé et qualifié de faible sur le sexe qualifié de fort ; c’est la guerre des sexes, hargneuse et acharnée comme une querelle de ménage.