En tous cas et sans confondre des personnalités réclamières pour lesquelles le féminisme est une simple question de salon et de mode, avec des esprits désireux d’un progrès quelconque, on peut affirmer qu’en l’état actuel de l’évolution sociale, le féminisme n’a aucune puissance transformatrice. Demeuré bien en deçà du socialisme et de l’anarchisme, il laisse subsister la distinction de fait entre la femme et la dame, ne touche qu’aux rapports des sexes, non à ceux des classes. Qu’est-ce que le droit pour les femmes de devenir magistrates et d’envoyer, tout comme les hommes, des malheureux victimes de l’organisation sociale ou de tares physiologiques, peupler les bagnes, alors que les progrès de la science et de la raison ont proclamé l’absurdité criminelle du Code, du droit de punir et de l’institution judiciaire ? Quelle valeur philosophique a « l’élargissement du mariage et du divorce », alors que l’humanité, s’affranchissant du joug de la vieille morale, marche vers la liberté absolue des unions sexuelles ? Et est-il rien de plus grotesque que d’entendre certains féministes reprocher indifféremment à tous les individus du sexe masculin, d’être, parce que mâles, des oppresseurs de la femme, comme si une solidarité quelconque pouvait exister entre la brute à mentalité préhistorique qui assomme sa compagne et le penseur qui proclame l’égalité de droits de tous les êtres humains !
Tandis qu’il n’est pas un socialiste ou un anarchiste qui n’ait affirmé pour les deux sexes l’identité de droit à la liberté et au bien-être en cherchant à donner à ce