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Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/23

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bourgeoisie tend à se rapprocher du type affiné de l’ancienne noblesse à laquelle elle a succédé, la moyenne bourgeoisie, dans ses efforts pour s’élever, se montre active, circonspecte, douée de l’intelligence des affaires. La petite bourgeoisie, à son tour, apparaît âpre, à la fois féroce et servile, gourmée dans une morale conventionnelle, ayant, au fond du cœur, la haine du prolétariat dont elle n’est séparée que par un mince fossé qu’elle tremble à tout instant d’avoir à franchir.

Le prolétariat avait jadis en sa faveur cet élément : la force musculaire. Il ne l’a plus aujourd’hui. Déjà plusieurs écrivains ont jeté un cri d’alarme en constatant l’infériorité dans laquelle est tombée à cet égard la classe ouvrière par rapport à la bourgeoisie. Le xixe siècle avec son formidable industrialisme a porté un coup terrible sinon mortel au prolétariat quittant en masse le plein air des campagnes pour aller s’agglomérer dans les bagnes du travail et dans les mansardes fétides des grandes villes, pour aller vivre non plus de pain noir et de légumes arrosés d’eau claire mais d’aliments plus ou moins falsifiés, accompagnés d’alcools meurtriers. Actuellement, les conditions d’existence du prolétariat sont devenues incontestablement moins pénibles que durant la première moitié du xixe siècle, mais le coup fatal n’en a pas moins été porté. Aussi demeurera-t-on douloureusement étonné si l’on compare la stature chétive et le teint hâve de l’ouvrier des villes à la deuxième ou troisième génération avec la taille robuste quoique épaisse et les fortes couleurs du salarié agricole. Ce