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dernier pourtant vit presque à la façon des bêtes, d’une nourriture grossière toujours la même et son labeur est pénible ; mais, du moins, l’air et le soleil, si parcimonieusement mesurés aux habitants des cités, ne lui manquent pas et il souffre moins de sa situation que le travailleur urbain parce qu’il a contracté peu de besoins.

La mortalité est plus grande pour les enfants d’ouvriers que pour ceux des autres classes ; ceux qui survivent sont le plus souvent chétifs, prédisposés à la tuberculose, surtout s’ils sont nés troisièmes ou quatrièmes, alors que la mère débilitée par les couches successives, le manque de soins et la misère, ne pouvait leur fournir qu’un lait appauvri.

L’alcoolisme, triste conséquence de cette situation économique — car l’ouvrier recherche dans l’alcool à la fois une diversion et un stimulant — transmet aux enfants les tares paternelles en les intensifiant et, concurremment avec la syphilis, crée des dégénérés, scrofuleux, épileptiques, idiots. Que pourront être les rejetons de pareils êtres, sinon une race de monstres ? Lombroso, qui a eu souvent le tort de tirer des conclusions trop absolues, a, tout au moins, effleuré la vérité en parlant d’un type de « criminels-nés ».

Ainsi, c’est la dégénérescence physique irrémédiable à moins d’une révolution complète dans les conditions d’existence du prolétariat. Le travailleur qui, jadis, pouvait montrer ses biceps musculeux et menacer du poing le bourgeois ventru est aujourd’hui un être débile, vidé de chair, de sang et d’idées à cinquante ans,