Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/27

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soit leur existence, ils conservent ou acquièrent de par le fait de leur vie aventureuse une vigueur et une souplesse physiques que n’avaient plus leurs parents, transformés en machines. Et on peut se demander si, au lendemain d’une transformation sociale, ce ne sont pas la plupart de ces malfaiteurs, moralement transformés par un milieu nouveau, qui viendront infuser un sang plus chaud dans les veines du prolétariat anémié.

Une pareille hypothèse pourra choquer beaucoup de personnes : elle n’a rien d’absurde. Les Barbares, qui rajeunirent assez brutalement le monde épuisé des derniers Augustes, n’étaient autre chose que des réfractaires rôdant par formidables bandes dans l’empire romain. Les Alaric, les Attila, les Clovis furent les chefs d’ « Apaches » de leur époque.

C’est l’incompressible besoin de se retremper physiquement dans les vivifiants effluves qui fait fuir à tant d’enfants d’ouvriers la lourde atmosphère et le travail monotone des usines. Assoiffés de grand air, obéissant inconsciemment à un besoin de tout leur être, ils errent, isolément ou par groupes, le long des fortifications, se livrent à des matches de courses à pied ; le cyclisme surtout les enfièvre et comme bien rarement ils peuvent acheter une bicyclette, souvent ils la volent, ce qui est plus simple, mais non sans périls. « Fait pour biclo » (arrêté pour bicyclette), cette inscription orne fréquemment les murs des préaux. Le vol de « bécanes » s’exerce à Paris notamment sur une grande échelle ; c’est par là que bien des fois commencent de futurs malfaiteurs.