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Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/28

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Nombre de doctrinaires s’indignent de cette passion des jeunes prolétaires pour la course et le sport, qui les éloigne des cercles d’études sociales, des universités populaires et des cours du soir. Mais il y a là un besoin invincible de l’organisme humain qui, comprimé pendant plusieurs générations, se détend désordonnément. Un fils de petits bourgeois ou même d’ouvriers relativement aisés, — car l’armée du travail, à son tour, a ses distinctions et ses sous-classes — pourra donner ses loisirs à l’étude. Mais le fils des tout à fait miséreux et miséreux lui-même a par-dessus tout soif d’air et de mouvement et c’est une cruelle ironie de lui demander un effort intellectuel qu’il est incapable de donner. L’instinct de ces prolétaires a plus de justesse que les raisonnements des doctrinaires ; ils sentent par leur chair meurtrie qu’ils ont besoin avant tout de se refaire le sang, les muscles et les poumons que leurs parents anémiés n’ont pu leur donner. Le médecin ne s’efforce-t-il pas de rendre au malade la santé du corps avant de lui permettre de fatiguer son esprit ? Et les prolétaires, débilités par la fatigue et la misère, sont des malades.

Entre ces tronçons séparés d’une même humanité, il subsiste à peine ce restant de lien : le langage. Encore est-ce un lien plus apparent que réel. Les perroquets ne sont-ils pas susceptibles d’apprendre à parler ? S’ensuit-il que nous puissions raisonner avec eux ? De même, combien d’hommes en possession du langage articulé sont, comme les perroquets, inaptes à comprendre les idées tant soit peu compliquées ! Sous leur costume