Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/39

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panzé ? Et ce n’est qu’après avoir traversé toute cette succession de formes ancestrales que celle de l’espèce ultime apparaît.

Aujourd’hui qu’aucun homme sérieux ne met plus en doute cette filiation qui fait de nous les parents évolués des animaux, il est assez difficile de se figurer la tempête de saintes et ignares colères que soulevèrent ces théories révolutionnaires faisant justice des fables bibliques. Quoi ! tout changeait, se transformait, évoluait, les êtres avec les milieux ! Mais alors le progrès, le mouvement, la vie, invoqués par les hommes de pensée libre étaient des réalités ! Quelle abomination !

Cependant la classe dominante, la bourgeoisie, devait s’emparer des lois de sélection mises en lumière par l’école darwinienne pour en tirer des conclusions légitimant son exploitation du prolétariat. « C’est la lutte pour la vie, disait-elle, qui est le grand facteur de cette évolution ; les faibles sont éliminés, les forts subsistent et se développent. Nous sommes les plus forts, les mieux évolués ; donc, nous avons le droit naturel de dominer le prolétariat, vaincu dans la concurrence vitale parce que faible et ignorant. »

Langage césarien auquel la minorité consciente du prolétariat pouvait répondre : « C’est la force que vous invoquez comme suprême droit. Prenez garde ! Cette force vous ne l’aurez peut-être pas toujours. Et puisque l’individu se transforme avec le milieu, détruisons le milieu social dans lequel nous étouffons, et notre troupeau hébété deviendra une humanité consciente. »