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cerveau puissent avoir leur répercussion dans les autres organes du même individu ?

Chez les ouvriers de luxe, qui tendent à former une sorte d’aristocratie du travail, le cerveau et la main arrivent à s’affiner l’un et l’autre pour se rapprocher du cerveau et de la main de l’artiste.

Notons que par « artiste» on ne peut entendre que l’individu réellement doué et non celui qui, s’adonnant aux beaux-arts par le fait des circonstances plutôt que par suite d’une vocation, constitue un simple bourgeois, calculateur pratique, adonné à la musique ou à la peinture sans le moindre sentiment d’esthétique. Celui-ci peut s’enrichir et même exploiter le mauvais goût pour se créer momentanément une réclame, tandis que le véritable artiste mourra souvent pauvre et méconnu, il n’en demeure pas moins étranger à l’art. C’est Chapelain planant de son vivant au-dessus de Corneille et de Molière pour s’effondrer aussitôt après dans l’oubli.

Plus charnue que celle du prolétaire parce qu’elle est alimentée par un sang plus riche et n’est pas usée par le travail quotidien, la main du bourgeois est aussi caractéristique. Dans la petite bourgeoisie, elle appartient généralement au type « neutre », parfois molle, les doigts assez courts et lisses, peu de protubérances de la paume. Ce n’est ni la main pattue du manœuvre ni la main affinée de l’artiste : elle n’est plus grossière, elle est devenue vulgaire.

À mesure qu’on s’élève vers les deux classes supérieures : moyenne et haute bourgeoisies, la main acquiert