Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/66

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plus audacieux, elle eut pour prologue le supplice de Jean Huss et le soulèvement des paysans de Bohême criant avec Ziska : « La coupe au peuple ! » cri profond, d’un sens social bien plus encore qu’eucharistique ! Cet ébranlement des masses plébéiennes en préparait un autre nettement communiste révolutionnaire : celui des paysans anabaptistes qui épouvanta Luther, simple réformateur religieux, ami des princes allemands et parfaitement indifférent au sort du peuple. À ce moment, l’Europe occidentale était en travail de transformation. L’Espagne elle-même, au lendemain de la reconquête, semblait tressaillir à un souffle de liberté : c’était le bouillonnement intellectuel de ses libres penseurs, d’Alcala et de Séville, en même temps que la révolte démocratique de ses comuneros. Mais ce courant social, succédant à des siècles d’écrasement féodal, était encore trop faible, se heurtait à trop d’obstacles pour triompher, et les comuneros de Padilla, succombèrent à peu près à la même époque où les anabaptistes de Munzer succombèrent à Frankenhausen. En Suisse, Zwingle, réformateur radical, intermédiaire entre Luther et les anabaptistes, était vaincu et tué : son rêve de démocratie chrétienne allait faire place à l’Église despotique et farouche de Calvin.

Après avoir bondi jusqu’à la république populaire et au communisme anarchiste, la réforme perdait ainsi le terrain social pour se limiter à la lutte confessionnelle. Néanmoins, la question religieuse créait forcément une question politique : en France la royauté allait être