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mise en question ; une république, la Hollande, allait surgir, en attendant la république régicide d’Angleterre, où, au milieu des disputes théologiques, allaient reparaître les révolutionnaires sociaux[1].

Beaucoup plus profonde que la réforme fut la Révolution française. Elle ne s’attaqua pas seulement aux dogmes absolutistes mais aussi à la propriété foncière, base de la société d’alors. Que cette propriété eût été vraiment nationalisée au lieu d’être accaparée par la bourgeoisie, et la refonte se faisait complète. Les temps ne le permirent pas : la bourgeoisie, qui attendait depuis des siècles son tour de devenir classe dominante, était là, impatiente, avide à la curée et, en face des souverains menaçants, l’Assemblée législative avait besoin d’argent. La masse immense des sans-le-sou, qui avait été entraînée à la révolution, se vit évincée aussitôt que les bourgeois arrivés aux affaires n’eurent plus besoin d’elle. Tout ce qu’elle gagna fut l’honneur de verser son sang sur les champs de bataille et d’échanger le servage de la glèbe contre le salariat industriel.

En dépit de la formule ironique « égalité », la société au lendemain de la révolution se retrouvait donc divisée en castes : la noblesse qui allait revenir et, en partie déracinée, se mélanger lentement à la bourgeoisie, son expropriatrice ; cette bourgeoisie, devenue classe possédante et prépondérante, appelée par le développement

  1. Les levellers ou niveleurs.