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Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/68

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industriel et les concurrences économiques à se scinder à son tour en haute, moyenne et petite bourgeoisies ; enfin le prolétariat, condamné par sa misère et son ignorance à former de ses entrailles ces deux autres classes : celle des mendiants, comprenant tous les déchets sociaux — trop faibles ou paresseux pour travailler, trop lâches pour se risquer au vol extra-légal — et celle des réfractaires farouches, préférant la prison à l’atelier, ou incapables, pour cause de dégénérescence physiologique, de devenir autre chose que des délinquants.

Rien ne fut comparable à l’âpreté de la bourgeoisie, singeant avec lourdeur dès le Directoire les allures des anciens nobles, rien, si ce n’est la misère du prolétariat, livré au nom de la liberté du travail à une exploitation effrénée et n’ayant même plus pour se défendre les anciennes corporations de métiers qui, si archaïques et autoritaires fussent-elles, pouvaient toujours lui fournir un point d’appui. Tandis que, devenue la partie directrice de la société française, la bourgeoisie remplaçait tout idéal ou tout sentiment par cette pensée fixe : « faire des affaires », pensée que Guizot devait si tranquillement exprimer dans son fameux : « Enrichissez-vous ! » le prolétariat n’avait qu’entrevu comme un rêve lumineux les espoirs d’affranchissement que la révolution avait fait naître ; puis il était retombé dans le plus sombre abîme. La découverte de la vapeur faisait surgir la grande industrie et achevait de bouleverser le monde. Accourant des campagnes dans les villes, à la recherche d’un travail qui pût les faire manger tous les jours, les prolétaires se trouvaient dans le bagne patronal plus