Page:Malato - Les classes sociales au point de vue de l’évolution zoologique.djvu/98

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Il est bien évident que les Marzo, les Laubardemont et les des Brosses étaient des criminels, soit devenus tels sous l’influence du milieu, soit par suite de tares ataviques. Lombroso, dont il serait puéril de méconnaître les patientes recherches en anthropologie criminelle, mais qui a poussé l’esprit de système et de classification à un degré d’absolutisme extraordinaire, s’est efforcé de prouver que la plupart des criminels, comparés aux hommes dits normaux, présentaient des stigmates de dégénérescence. Mais son enquête n’a porté que sur les malfaiteurs reconnus estampillés officiellement, détenus dans les prisons et dans les bagnes, ce qui en amoindrit singulièrement la valeur. S’il eût porté ses investigations dans la classe dirigeante, parmi les malfaiteurs libres et respectés, on peut se demander s’il aurait reconnu chez un Guillaume II, un Nicolas II, un de Plœhve ou un Cecil Rhodes, par exemple, les stigmates de la criminalité. Combien autour de lui dans la société bourgeoise, parmi les financiers, les juges et même les médecins, Lombroso n’a-t-il pas dû coudoyer d’hommes à âme de voleurs et de tortionnaires, malfaiteurs en redingote opérant sous un autre décor et dans un autre milieu que les vulgaires délinquants !

Et puis, rien n’est plus élastique que le mot « crime ». L’attaque à la propriété, l’adultère, l’avortement sont-ils des crimes ? Oui pour les uns ; non pour les autres. N’est-ce pas d’un homme prêchant la transformation sociale et condamné comme malfaiteur que les chrétiens ont fait leur dieu ? Les criminologistes émules de Lombroso, qui présentent les novateurs anar-