Page:Malato - Philosophie de l'Anarchie, Stock, 1897.djvu/159

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Et les drapeaux claquent au vent, les cocardes s’arborent, des centaines de milliers d’images représentent des généraux chamarrés, le laurier au front, l’épée à la main, — on est si enthousiaste qu’on assommerait un Allemand par amour de la patrie, comme au moyen-âge on offrait à Dieu la grillade d’un hérétique, — pendant que quelque peintre de médiocre talent, spéculant sur les sentiments patriotiques du jury, présente à l’Exposition un tableau de bataille qu’on ne pourra faire autrement que d’accepter.

Tout cela est à supprimer, mais tout cela n’est pas l’art.

Qu’est-ce donc que l’art ? Eh ! tout ce qui, en charmant l’esprit, flattant les sens, contribue au progrès humain. Qu’on éventre les églises, qu’on brûle les drapeaux, l’art n’en reculera pas d’une ligne : bien au contraire. Mais celui qui détruirait par plaisir le Louvre ou la Bibliothèque Nationale serait un insensé.

La nature ne fait pas de saut, a dit Leibnitz. On peut faire table rase de toutes les