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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/103

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vaient s’y dérober ; on le devait pour les sentines et pour le fumier de chaque animal. L’approche du terme fatal portait l’épouvante dans les villes. On sévissait par le fouet et les tortures contre la plus extrême indigence qui n’avait de quoi payer. À ce moment, la servitude se multipliait, les pères vendaient leurs fils et livraient leurs filles pour acquitter la taxe ».

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si le peuple, retombé, après une amélioration passagère, sous le joug le plus atroce, se prit à haïr de telle force Constantin, que celui-ci, se sentant comme un étranger dans cette grande ville, qui avait absorbé le monde, alla sur le Bosphore, fonder une autre capitale.

Les chrétiens, qui avaient déjà reçu de l’empereur le palais de Latran, gagnèrent du coup deux cités qui leur donnèrent l’empire du monde. Rome étant désertée par César, ils y prirent sa place ; de ce temps, commence la prépondérance manifeste des évêques romains. Ceux-ci, dont l’influence sur l’empereur était grande, avaient dû tout mettre en œuvre pour le décider à transporter à Byzance le siège de l’empire.

En même temps, ils s’installèrent en maîtres dans cette ville ; partout, sur le palais, à l’augustéon[1], dans les places publiques, la croix s’éleva triomphante. Une foule immense vint peupler la nouvelle cité et, dans cette foule bigarrée, sans cohésion, ce fut l’élément chrétien qui l’emporta.

Dès lors, commence l’agonie du polythéisme : les

  1. Grande place disposée sur le modèle du Forum romain.