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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/102

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reconnu comme le premier corps de l’État et adroitement complété par de nouveaux membres, chrétiens ou partisans de Constantin, approuvait tout, — du reste, approuver n’était-ce pas, depuis trois siècles, son unique fonction ? Dans son enthousiasme feint ou réel, il décrète un arc triomphal de reconnaissance envers Constantin et la divinité qui l’avait guidé.

Mais c’est le propre du despotisme de stériliser toute réforme. La liberté sociale ne peut naître que du besoin des foules trop longtemps comprimées et non du vouloir d’un seul. Constantin avait proclamé un pardon général, mais il fit mettre à mort toute la maison de Maxence et ceux de ses adversaires qui lui parurent les plus inquiétants : c’est ainsi que les gouvernants comprennent et appliquent les lois. Promulguer la liberté des opinions, n’était-ce pas un non-sens dans un État régi par ce principe monstrueux : « Ce qui plaît au prince a force de loi, que sa volonté soit le droit » ? Le supplice de la croix était remplacé par d’autres non moins cruels. Enfin, l’administration publique, sous prétexte de réforme et de régularisation, devint plus oppressive que jamais.

Libanius a fait une peinture effroyable des exactions du fisc sous ce règne. « J’ai vu, dit-il, de pauvres savetiers levant les mains au ciel avec leur tranchet et jurant qu’ils ne possédaient pas autre chose ; mais leurs cris n’arrêtaient point l’avidité barbare des gens du fisc. Les lupanars payaient le chrysargyre[1] ; l’esclave et le mendiant ne pou-

  1. Chrysargyre ou or lustral, impôt qui se percevait tous les cinq ans.