Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/110

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écœurés du fatras théologique de la religion nouvelle que des grossièretés de l’ancienne, cherchent autre chose et ne trouvent pas. La raison pure ne suffit à éclairer le grand mystère et la science qui, seule, peut donner le mot de l’énigme, n’existe pas encore.

Ils s’interrogent et hésitent, se troublent, se divisent ; pendant ce temps, les docteurs passionnent, remuent les masses, les missionnaires convertissent les peuples et plus le flot des barbares, hier sujets, aujourd’hui alliés, demain maîtres, se rapproche en grondant de l’empire, plus les forces du christianisme augmentent.

Théodose exalte la domination des évêques et ruine celle des Césars en partageant à ses faibles fils les deux moitiés pantelantes de l’empire.

Division impolitique pour les souverains, qui diminua leur prestige, amoindrit leur autorité, mais qui montra combien les tout-puissants se reconnaissaient incapables de conduire des masses, de les protéger, de penser et agir pour elles ! En vain, les Constantin et les Théodose s’efforçaient de réparer par le faîte le vieil édifice : la base manquait toujours.

Aussi, voit-on, pendant que tinte lugubrement le glas de l’agonie romaine, des provinces se soulever, appeler les envahisseurs, des villes chasser leurs magistrats, essayer de s’organiser elles-mêmes : la bagaudie ressuscite.

Ah ! ce n’est pas sans douleur que s’opère cette infiltration d’un jeune sang dans des veines épuisées. D’horribles convulsions secouent la vieille