Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/112

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tremblant de voir le polythéisme renaître sous une autre forme.

En Italie, surtout, le clergé chrétien se vautre dans la luxure et arrache les héritages des dévotes. « Pour les pauvres, disent les pieux quémandeurs ; l’Église est la dispensatrice du bien commun. » Mais l’Église, qui reçoit tout, garde tout ; et Ambroise lance l’anathème aux ministres dissolus qui surpassent la corruption païenne et qui, par leur rapacité, ont été exclus du droit d’hériter accordé « aux plus infâmes. »

L’œuvre de spoliation commencée se continuera pendant des siècles ; les grands, après avoir ruiné les masses, seront grugés lentement par le clergé. Toutes ces richesses afflueront dans les coffres de la Papauté qui, par l’or et la foi, deviendra au moyen âge la maîtresse de l’Europe.

Rien n’est propre à l’homme, roi ou esclave, tout est à Dieu et, par conséquent, à son vicaire : à celui-ci d’administrer et de dispenser les biens. Tel est le dogme chrétien au point de vue du droit à la propriété.

C’est la même idée qui a germé dans le cerveau de théoriciens modernes, avec cette différence qu’ils remplacent le pape par l’État. Mais l’Église laïque vaut l’Église chrétienne : le socialisme gouvernemental, malgré l’évolution des mœurs et des idées, malgré les prodiges de la science et de l’outillage modernes, ramènerait les masses à ce rôle passif de rouage d’une grande machine mue par un petit nombre d’individus : ce serait l’ankylose de l’initiative et de la dignité humaines dans la nuit d’un