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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/118

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multipliait les miracles ; l’inconscient ne ressent-il pas le besoin de croire et d’adorer ? C’est l’époque où abondent les légendes de toutes sortes : guérisons invraisemblables, résurrections, apparitions célestes, l’époque où seigneurs et vilains, guerriers et paysans s’agenouillent devant le froc. Ce n’est que lorsque un peu de clarté se fait dans les esprits que l’homme de Dieu perd le don de commander à la nature ; dès lors, voyant dans le sorcier un rival redoutable, il sévit contre celui-ci avec une fureur sans égale, et les faits étranges dont il ne peut ou ne veut donner l’explication rationnelle, il les attribuera au diable.

Au milieu du submergement de l’ancien monde romain, seule la papauté avait conservé une perception nette de l’état de choses. Elle eut, pour s’orienter dans les ténèbres du moyen âge, cette idée fixe : la domination des esprits. Le règne de la foi remplaça le règne de la force.

Pendant que l’Église d’Orient se confine dans les querelles théologiques, les pontifes romains commencent à s’emparer de la direction politique de l’Europe. Des missionnaires se répandent de tous côtés, protégés par les rois chrétiens dont ils augmentent le domaine et l’influence. Augustin évangélise l’Angleterre, Omer et Amand la Belgique, Colomban la Suisse ; la Germanie se remplit de propagandistes.

Ce n’est jamais par suite d’une démonstration raisonnée que les masses se convertissent aux idées nouvelles : c’est sous la pression des événements, sous l’entraînement des passions et avec l’intuition