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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/117

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parts où s’engouffrent hommes et femmes en quête d’un abri sûr ou séduits par l’amour d’une vie commune fraternelle et égalitaire, conforme aux aspirations primitives du christianisme. En même temps, des cités, des villages s’organisent, ici sous le patronage d’un évêque, là sous la protection d’un guerrier ; des laboureurs, des artisans, des pêcheurs se groupent, premier embryon des corporations et des communes du moyen âge.

De même que les Romains, vainqueurs incultes, avaient été subjugués par la civilisation grecque, de même, ces millions de fauves à face humaine, Goths, Huns, Germains, Sarmates, se trouvèrent, une fois vainqueurs, frappés d’une sorte de respect ou de malaise en face des ruines qu’ils avaient amoncelées. Le peu qui restât de science latine était ou concentré à Byzance ou possédé par quelques religieux. De là vint la force de la capitale d’Orient qui, seule contre tout un monde, résista dix siècles ; de là, vint la puissance de l’Église chrétienne : les leçons du passé lui aidèrent à déchiffrer l’avenir : elle sut.

Pour tous ces barbares, Rome avait été pendant des siècles l’idéal du pouvoir céleste sur la terre. Le mot César, qui se retrouve dans une foule de langues (en allemand Kaiser, en russe Tzar, en vieil assyriaque Sar), exprimait pour eux le faîte de la puissance. L’empire détruit, ce prestige subsistait encore : les papes en héritèrent.

Tant que dura l’ignorance générale, c’est-à-dire jusqu’au xiiie siècle, le prêtre demeura pour la masse le savant et même mieux, le magicien. La foi naïve