Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’heure solennelle, persuadés qu’ils sont que de telles commotions ne peuvent être provoquées directement par des individus.

L’an mille s’accomplit et le monde subsiste : une immense clameur de joie s’échappe des poitrines et monte vers le ciel clément. La vie sociale, un moment suspendue, reprend avec une activité nouvelle.

Le xie siècle, avant sa fin, voit un mouvement religieux dont les résultats sont immenses. Émancipés de la lourde tutelle des empereurs germains, successeurs de Charlemagne, les papes lancent l’Europe féodale sur l’Asie musulmane.

Coup de maître qui consacrait la direction prise par l’Église de tous les mouvements politiques, qui faisait des souverains les exécuteurs de la volonté pontificale, enfin qui enrichissait le clergé des domaines vendus à vil prix par les nobles croisés partant en quête de fortune et d’aventures.

Le mouvement, loin d’être purement aristocratique, s’étendit à la plèbe. Il serait malaisé de dire même si cette dernière entraîna les seigneurs ou fut entraînée par eux. Quoi qu’il en soit, ces croisades, savamment entretenues, débarrassèrent l’autorité royale et religieuse d’éléments qui pouvaient lui faire obstacle par leur turbulence. De même, nous voyons les gouvernements modernes entretenir cette émigration qui, emportant des flots de déclassés et de prolétaires vers les côtes d’Afrique et les pampas américaines, ouvre une issue provisoire au mécontentement des masses et retarde de quelques années la révolution sociale tout en concourant à la généraliser.