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pendant des périodes variables. Pour libérer ces chères âmes, parents et amis faisaient affluer les dons dans les coffres ecclésiastiques. Bientôt, on alla plus loin : on paya par anticipation pour se préserver des flammes posthumes, et le Vatican devint le siège d’une immense exploitation desservie par toute une hiérarchie d’agents en soutane.

On se tromperait, cependant, si l’on croyait que l’annonce de la fin du monde, qui fit tomber à genoux princes et peuples, notamment en Allemagne, en Italie et en France, ne fut pas autre chose qu’une spéculation lucrative. Ce fut aussi, en grande partie, un moyen d’intimidation pour ramener au respect de l’Église ces descendants de barbares qui, courbés un moment sous le joug, reprenaient bien vite leurs féroces instincts ataviques.

Enfin, ce fut surtout la vieille croyance millénaire qui se réveilla. Captifs chez les Perses, les Juifs avaient recueilli plusieurs de leurs mythes qu’ils amalgamèrent à leur religion. Nombre des premiers chrétiens, et peut-être Jésus lui-même, s’étaient laissé pénétrer par cette foi en une arrivée, à date fatidique, du Dieu suprême qui, se faisant le réparateur des biens et des maux, rétablirait l’équilibre parmi les hommes.

Cette croyance avait fort contribué à faire perdre de vue l’idée d’une révolution sociale pour se reposer uniquement sur le jugement dernier, — état d’esprit qui, après tant de siècles, se reproduit chez certains révolutionnaires modernes, lesquels attendant, avec confiance, qu’un cyclone d’idées et de faits passe sur le vieux monde, ne font rien pour hâter