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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/130

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de discipline ! l’égalité vraie ! plus de paradis ! plus d’enfer ! plus de purgatoire ! justice et liberté pour tous ! »

Aux philosophes incolores, succèdent les révoltés. Le midi de la France, toujours en fermentation, se soulève : pâtres, laboureurs, citadins, seigneurs même suivent le mouvement, et le puissant comte de Toulouse, Raymond VI, par haine du clergé qui le prend de trop haut avec lui, se déclare pour les Albigeois.

Ce fut une nouvelle bagaudie. Il y avait loin de ces affirmations révolutionnaires à la casuistique raffinée des conciles et des hérésiarques. Combattre toute délégation d’autorité divine, c’était saper le principe gouvernemental dans sa racine et reprendre ce mot d’ordre du Gaulonite : « N’appelez personne votre maître ! » c’était proclamer le droit de tous les êtres humains à la vie libre et heureuse.

À ce réveil du christianisme populaire, le christianisme pontifical jette feu et flammes. Les croisades pour la Palestine commençaient à manquer d’amateurs : c’était trop loin et trop périlleux ; une croisade contre les anarchistes trouva, dit-on, cinq cent mille guerriers, le plus grand nombre volontaires.

La lutte dura un quart de siècle, avec des intermittences, tantôt les croisés refoulant devant eux des masses sans cohésion, souvent sans armes, faisant des exemples effroyables, tantôt les Albigeois lassant l’ennemi, coupant ses communications, ses vivres, reprenant les places précédemment perdues, incendiant châteaux et monastères. Quelquefois ca-