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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/142

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commander une transformation sociale aussi complexe. L’activité des individus se manifeste dans des mouvements de moindre importance qui, selon les temps et les milieux, s’unifient ou se perdent isolés. Mais, ces enthousiastes adversaires de l’absolutisme ont certainement contribué à créer des situations, à travailler les esprits, à jeter, en un mot, dans les profondeurs de la masse quelques-uns des germes qui, recueillis et fécondés, s’épanouirent plus tard en gerbes vigoureuses.

Les puissants aiment qu’on leur dresse de belles généalogies : la Franc-Maçonnerie victorieuse a fait remonter son origine au temps de Salomon. Des écrivains l’ont apparentée aux sociétés occultes qui, en Égypte et en Grèce, célébraient les mystères d’Isis et de Cérès ; les légendes se sont multipliées.

La vérité est qu’à toute époque, la lutte contre la tyrannie enfanta des sociétés secrètes voilant leur action et leur but sous des formes extérieures plus ou moins bizarres. La crédulité publique rattacha en un vaste faisceau ces associations engendrées par la même cause mais totalement indépendantes les unes des autres, et la Franc-Maçonnerie, plus en vue parce que plus moderne, devint pour les esprits superficiels la société mère et inspiratrice.

S’il faut, dans les groupements maçonniques, ouvriers au début, politiques ensuite, démêler l’origine d’une idée religieuse distincte, combien n’est-il pas plus naturel de rattacher cette idée au christianisme primitif ! Ces frères, complotant avec mystère dans des refuges souterrains, n’étaient-ils pas les continuateurs directs des disciples de Jésus,