Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/148

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— allèrent à lui ; l’évolution des esprits a ainsi frayé les voies à une immense révolution politique et religieuse, et le peuple arabe, qui se retrouve en son prophète, se précipite derrière lui à la conquête des lambeaux détachés de l’empire romain. La plus grande partie du littoral méditerranéen tombe au pouvoir de ces convertisseurs à main armée, en qui semble revivre l’esprit des Sémites qui, sous les murs de Jérusalem, combattirent les Titus et les Adrien. Là seulement où les races du Nord se sont fortement implantées, l’Islam recule : ces éléments hétérogènes luttent entre eux sans pouvoir s’assimiler.

Jusqu’au xve siècle, l’Évangile lu et commenté par l’homme d’Église, — le peuple ne savait pas lire, — régna sur l’Europe, infiltrant au sein des masses l’esprit de foi et de résignation. Peu à peu, cependant, la curiosité s’éveille : de doctes esprits voudraient remonter aux origines et, lorsque des Allemands inventent l’imprimerie, le premier ouvrage tiré est la Bible, c’est-à-dire le livre des chrétiens précédé du livre des Juifs.

La compression des cerveaux avait été telle, en effet, que quel que fût le dégoût du présent, on n’osait combattre ce présent qu’au nom du passé. C’est avec les livres saints eux-mêmes qu’on attaquera la papauté, criminelle, selon Luther, d’avoir falsifié la parole de Jésus : les textes sont analysés, torturés, tronqués, selon les besoins de la cause ; les citations pleuvent. Seuls, les Anabaptistes, tout en exigeant le retour à l’égalité communiste des premiers chrétiens, remplacent l’autorité de la Bible qui a fait son