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temps, déclare Munzer, par l’inspiration divine permanente et manifestable chez tous. Inspiration divine ou initiative humaine, peu importe le nom ; sous une forme mystique, c’est le premier effort tenté pour secouer le joug de la tradition.

À partir de ce moment, une tendance nouvelle se manifeste : les esprits, quelle que soit l’acuité des guerres religieuses, s’affranchissent de plus en plus du verbe sacré : la pensée jaillit de partout et, à mesure que les livres se multiplient, l’homme cesse d’être l’esclave d’un seul livre. En proclamant la liberté d’interpréter individuellement la Bible, les réformateurs avaient ouvert la voie de recherches et d’examen où la philosophie devait apparaître à la suite de la théologie. Le mouvement se prolonge sur deux lignes divergentes, deux grandes écoles se partagent le monde.

L’une, avec Descartes en France, Bacon en Angleterre, Leibnitz en Allemagne, puis Kant, puis Fichte, partant de l’expérimentation, mais quittant insensiblement ce terrain solide, pour aboutir à la seule raison pure, analyse, déduit, enchaîne les abstractions et, tendant à remplacer le fait par l’hypothèse, reconstruit un monde idéal, montrant ainsi comment se créent les religions spiritualistes. L’autre, moins transcendantale mais plus précise, profondément humaine surtout, élève un temple à la seule nature. Rabelais ose réhabiliter cette grande méconnue. Dans un livre que sa génération ne comprendra guère, il bafoue l’autorité la plus despotique, celle du dogme ; fouaille avec un large bon sens bien gaulois, papegault, cardingaults, évesgaults, chats-