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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/152

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que Rousseau, comprendra la vie universelle, l’homme partie non plus isolée mais intégrante de l’univers. Sous son impulsion, un livre s’élabore, qui dominera toute la génération d’alors : l’Encyclopédie.

Œuvre autrement féconde que les quintessences cartésiennes ! Arts, sciences, métiers, politique, philosophie y sont traités de main de maître : les matériaux abondent. Diderot, observateur fidèle, pénètre partout où il y a étude à faire ; de lui surtout, date l’observation vraie, vécue, le réalisme documenté qui, étouffé plus tard sous le retour temporaire des vieilles formes classiques ou sous le débordement romantique, a reparu de nos jours avec Balzac, avec Dickens, avec Zola dans le roman, avec Lamarck, Darwin, Vogt, Reclus dans les sciences naturelles, avec Büchner et Moleschott dans la philosophie.

Princes et prêtres ne s’y trompèrent pas : malgré les réticences dont les encyclopédistes et principalement le prudent d’Alembert[1], voilaient leur pensée, ils comprirent que ce livre allait devenir l’Évangile d’une génération nouvelle, affamée de science et lasse de s’endormir au bercement monotone des légendes religieuses. Ils le proscrivirent : en le proscrivant, ils firent l’aveu de sa puissance et de leur faiblesse.

Dans les pages de l’Encyclopédie, tout un siècle était contenu. Aujourd’hui, la science matérialiste, prenant possession du globe, en escalade les plus hautes cimes, et que sera-ce quand la science,

  1. « Le temps fera distinguer ce que nous avons pensé de ce que nous avons dit. » (Lettre de d’Alembert à Voltaire).