Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/151

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ront plus tard notre incontestable parenté. Puis, voici Helvétius qui paraît, Helvétius qui, au grand scandale des spiritualistes, proclame le monde tel qu’il est : l’homme est un être sensitif ; l’égotisme, sous quelque forme que ce soit, est le vrai mobile de nos actes ; la probité est l’habitude des actions utiles à la société ; l’homme bon est celui qui se solidarise avec ses semblables ; l’univers moral est soumis aux lois de l’intérêt comme l’univers physique aux lois du mouvement ; la société peut vivre sans Dieu. Aussi, quel déchaînement contre « cet homme qui, crie madame de Boufflers, a dit le secret de tout le monde ! » Le clergé et la Sorbonne fulminent, le Parlement menace : l’auteur du livre de l’Esprit, effrayé, se rétracte : le trait n’en est pas moins parti.

Après lui, Buffon, dans un style noble, décrit la nature immense, universelle, en laquelle tous les êtres vivent, se dissolvent, se transforment, où rien ne se crée, rien ne s’anéantit, où tout se renouvelle. Perpétuellement tiraillé entre les divagations métaphysiques de son époque et les réalités que la science lui dévoile, il proclame d’un côté l’unité du type physique déterminé, d’après lui, par des moules intérieurs, analogues aux archétypes du platonicisme ; d’un autre côté, il affirme la variabilité des espèces sous l’influence des temps et des milieux. Théorie grosse de conséquences et qui, magnifiquement reprise par Lamarck et Darwin, deviendra, de nos jours, celle de l’évolution.

Les dépassant tous, s’élève Diderot, — Diderot, nature bouillonnante qui, mieux que Voltaire, mieux